Lettre du 18 septembre 2008 à Nicolas Sarkozy

Le 18 septembre 2008

 Objet : « Philosophie, euthanasie et "débilité intellectuelle" »

 Monsieur Nicolas Sarkozy

Palais de l’Elysée

 55, rue du Faubourg Saint-Honoré

 75008 Paris

[A l’attention de François Fillon, de Jean-Louis Borloo et de Nathalie Kosciusko-Morizet]

 Monsieur,

Quatre mots seulement de votre lettre apportant à Rémy Salvat une réponse négative à sa demande d’euthanasie en vous fondant sur des raisons dites philosophiques, mais non précisées, me donnent une nouvelle occasion de dénoncer les mensonges et les « croyances au miracle » sur lesquels continue de fonctionner hypocritement la collectivité humaine universelle contemporaine en général, et la société française en particulier, tout en prenant grand soin de refuser le véritable débat de fond suffisant à les invalider, tous sans exception, dans leur prétention à exprimer l’absolu, LA Vérité absolue.

Notre époque, en effet, se croit au comble du modernisme dans le domaine des idées, alors qu’elle fait montre du même penser superstitieux que les pires périodes obscurantistes de l’Histoire de l’humanité, puisque se fondant pareillement sur ce qui caractérise essentiellement la Superstition dans ses divers modes d’expression, à savoir faire passer pour vérités absolues des vérités seulement relatives.

Si imbue d’elle-même, de ses idées en général et de son scientisme en particulier, elle devrait pourtant avoir davantage d’humilité en prenant conscience de la superficialité de sa modernité, que les siècles à venir ne manqueront pas de juger autrement que nous regardons les périodes antérieures – ainsi, en matière de scientisme en général, et de médecine en particulier, à l’allure où va l’évolution du savoir et des techniques, nous finirons bien, un jour, par représenter le Moyen Âge de la pensée pour nos plus ou moins lointains descendants !

Sans avoir besoin d’attendre jusque là, il en va déjà ainsi de toutes les « croyances au miracle » de notre penser superstitieux, dont relève en particulier la pensée « politiquement correcte » du jour fondée sur des dogmes moralisateurs aussi bien en matière de droits humains (liberté et égalité en général, liberté d’expression et discrimination en particulier) que d’euthanasie.

D’une manière générale, notre penser superstitieux continue toujours à s’exprimer dans la religion, toutes religions confondues – monothéistes ou non -, dans la métaphysique [Doctrine matérialiste, depuis Aristote jusqu’au scientisme contemporain, positivistes inclus, et scolastique idéaliste ou pseudo-philosophie spiritualiste de Descartes et de Kant, entre autres « philosopheurs »], dans l’idéologie, toutes les idéologies sans exception, illusion altermondialiste comprise, et dans le moralisme [Morale et condamnations moralisatrices des Autres au nom de LA Morale : LAQUELLE ?], tous catéchismes réunis, y compris le catéchisme soi-disant universel contemporain, ou Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948, dont seule l’inobservation est réellement universelle – sauf à vous-même ou à quiconque d’établir le contraire à l’aune de l’actualité, internationale ou nationale, et du devenir du monde durant les six décennies suivant sa proclamation « prétendument » universelle !

En guise d’universalisme, en effet, je vous fais observer que cette convention soi-disant planétaire a été adoptée en son temps par seulement quarante-huit Etats sur les deux cents environ que compte actuellement notre monde, et elle est d’autant moins universelle que je mets l’ONU au défi de la faire approuver unanimement aujourd’hui. Toutefois, je reviendrai plus longuement sur les mensonges et les croyances au miracle du catéchisme droit-de-l’hommiste, tels qu’avérés par une incohérence de taille en matière de liberté d’expression, puisque établie précisément sur notre penser superstitieux « absolutisant fictivement le relatif ».

 C’est uniquement sur cette fiction, sur ce tour de passe-passe faisant passer le relatif pour absolu, que se fonde notre époque pour censurer toutes sortes d’idées dérangeantes envers divers groupes communautaristes, notamment, et pourchasser ainsi le « délit d’opinion », dont les coupables désignés sont condamnés aujourd’hui au bûcher médiatique et assignés devant des prétoires comme aux pires époques obscurantistes de l’humanité : celles qui ont empoisonné Socrate, crucifié le Christ, brûlé Giordano Bruno et excommunié Spinoza, afin de réduire au silence ces grands diseurs universels de LA Vérité éternelle – au mépris de LA Vérité, précisément !

Eux aussi, en leur temps, furent jugés coupables de « délit d’opinion » par des foules et des censeurs ni plus ni moins superstitieux que ceux d’aujourd’hui – les élites et la multitude superstitieuses sont, en effet, de toutes les époques, puisque refusant pareillement de confronter leur penser superstitieux à LA Vérité absolue, ce qui est évidemment très pratique pour « absolutiser fictivement le relatif » et juger ensuite ceux qui dérangent le conformisme ambiant, à l’exemple de notre « politiquement correct » du jour !

En vérité, notre penser superstitieux, corrigé seulement dans l’esprit des grands prêcheurs de LA Vérité éternelle et de leurs tenants, se caractérise dans tous ses modes d’expression, aujourd’hui comme hier, par l’ « absolutisation du relatif ». Ce procédé, intellectuellement et philosophiquement malhonnête, consiste à faire fictivement passer pour absolu, pour réalité ou Vérité absolue, ce qui est pourtant seulement relatif dans notre monde, à savoir notre « pensé » humain : tout le contenu pensé dans et sur (à propos de) notre monde – un monde, où tout est relatif et rien n’est absolu, sauf à vous-même ou à quiconque de démontrer le contraire !

Il suffirait pour cela à tout éventuel audacieux contradicteur de démontrer la fausseté – sur le fond ! – de l’œuvre du philosophe juif allemand Constantin Brunner (1862-1937). Celui-ci, en digne héritier spirituel de mystiques authentiques, tels le Bouddha et le Christ dans leur Parole non pervertie par la superstition religieuse qui a usurpé leur nom au point d’en faire les fondateurs d’une religion qu’ils n’ont pas voulu instituer, comme je le démontrerai par la suite, et de « vrais » philosophes du UN absolu (Socrate, Platon, Giordano Bruno et Spinoza, entre autres), n’a eu de cesse de dénoncer la Superstition, telle qu’elle s’exprime dans la religion, la métaphysique et le moralisme – l’idéologie n’étant assurément pour lui qu’un sous-produit de la religion avec sa promesse de paradis terrestre, dont il a eu néanmoins le temps, pendant deux décennies, de mesurer l’exacte réalité dans l’éden soviétique, à savoir sa non réalité, son illusion seulement !

Faute à une seule d’entre elles de pouvoir établir cette démonstration maintes fois réclamée en vain jusqu’ici – et pour cause ! -, toutes les soi-disant « élites » du monde de l’information, de la politique, de l’intelligentsia (prétendus intellectuels et pseudo-philosophes) et des associations droits-de-l’hommiste moralisatrices à sens unique, dénoncées dans le texte annexé, Mensonges et lâcheté des élites, se murent dans le silence et le refus de débattre, témoignant ainsi, en outre, de leur malhonnêteté intellectuelle, puisqu’elles peuvent continuer à tromper et à manipuler l’opinion en cautionnant tous les mensonges et toutes les croyances au miracle du monde, ceux d’hier et d’aujourd’hui.

En effet, bien loin de dire LA Vérité absolue, elles s’obstinent, dans tous leurs propos et leurs écrits publics, à exprimer seulement leur croyance en un « absolu fictif », né de la confusion entre le relatif et l’absolu – une fiction ou illusion, qu’elles n’ont de cesse de colporter au moyen d’un matraquage médiatico-politique sans pareil jusqu’ici. Ceci est tout particulièrement illustré aujourd’hui par le catéchisme prétendument universel, dont elles nous rebattent quasi quotidiennement les oreilles, et qui leur sert à dicter les Bien et Mal soi-disant absolus pour condamner « absolument » sur la seule base superstitieuse de l’« absolutisation fictive du relatif ».

Assurément, c’est très « juteux » pour certains, à titre individuel ou collectif, de juger et de condamner moralement les Autres au nom de l’Idéal ou Absolu, bien que celui-ci ne soit définitivement pas de ce monde – sauf encore à vous-même ou à quiconque de démontrer le contraire ! C’est pitoyable, intellectuellement et philosophiquement parlant, de voir tous ces « croyants au miracle », encensés aujourd’hui pour être des idéalistes, en réalité des rêveurs de l’Idéal descendant sur Terre, continuer à courir désespérément derrière un Idéal à jamais hors de leur portée, tout en s’enorgueillissant de leur déficit de raison pour en tirer leur auréole de sainteté, et donc leur légitimité à juger et condamner moralement les Autres – néanmoins, cette quête sans fin suffit surtout à témoigner de la « débilité intellectuelle », a fortiori philosophique, de l’époque ! ! !

En vérité, QUICONQUE, fut-il pape ou autre chef spirituel (dalaï-lama, entre autre), roi, empereur, voire président d’une république, loin d’exprimer l’Idéal en soi, puisque celui-ci demeure, et demeurera, inconnaissable pour nous jusqu’à la fin des temps, ne fait jamais connaître en matière de Beau, de Bien et de Vrai que ses conceptions personnelles « relatives » de l’Idéal. Or ces conceptions idéalisées, fictivement érigées en absolu, n’en demeurent pas moins de pâles reflets superstitieux de l’Idéal en soi, même s’il est vrai que nous ne pouvons pas penser le moindre concept sans penser à la fois, plus ou moins consciemment, l’idéal « fantasmé » du concept pensé (femme et femme idéale, par exemple). Ainsi, tous ces « censeurs autoproclamés » d’aujourd’hui ne connaissent rien de l’Idéal en soi – forcément ! -, mais ils parlent et condamnent en son nom, puisqu’ils s’affichent publiquement comme ses représentants terrestres, alors que la divergence est quasi quotidienne entre leurs paroles et leurs actes, comme l’exprime trivialement la formule bien connue les concernant : « Faites ce que je dis, mais ne faites pas ce que je fais. » ! ! !

En prévision de votre éventuelle candidature présidentielle, j’avais pris soin, dans l’abondant courrier adressé à votre mouvement durant l’année 2005, d’attirer votre attention sur les mensonges et les croyances au miracle de la superstition idéologique et moraliste, parce qu’elle trompe et manipule l’opinion. Plus précisément, dans le courriel du 2 novembre, toujours à votre disposition, je dénonçai vos propos d’alors parlant de « monde nouveau et d’espoir » – une fallacieuse promesse, dont vous avez aujourd’hui tout loisir de mesurer l’inanité en la confrontant à la réalité quotidienne, ne serait ce que dans le domaine économique en général, et en matière de croissance ou de pouvoir d’achat en particulier.

Je reparlerai toutefois de notre prétendu « libre arbitre », cette illusion de notre pensée, censée pouvoir réaliser toutes les aspirations de notre soi-disant libre vouloir et accréditant ainsi toutes les fallacieuses promesses superstitieuses visant à transposer l’Idéal (la théorie) dans la réalité quotidienne (la pratique), comme il en va pour les illusions de « droit opposable » au logement, à la garde en crèche, etc. – sauf, évidemment, aux élites dénoncées de relever le défi que je leur ai lancé de m’indiquer concrètement comment éradiquer, définitivement et universellement, les sempiternels maux de l’humanité, à commencer par ses multiples divisions à l’infini, et comment instaurer sur la planète, de manière tout aussi universelle et définitive : justice, liberté, égalité et démocratie idéales, entre autres vœux pieux ! Jusqu’ici, aucune des élites dénoncées pour mensonge ne s’est encore manifestée, à commencer par Ségolène Royal pour défendre son prétendu « ordre juste », condamné sur la base d’arguments intellectuels et philosophiques irréfutables – sauf à vous-même ou à quiconque de démontrer le contraire en parvenant à relever ce défi !

Après ces considérations générales visant à distinguer sommairement, mais clairement, les trois facultés, ou genres de connaissance, de notre entendement humain, à savoir : (1) l’entendement pratique, ou penser du relatif (2) le penser spirituel, ou penser de l’Esprit véritable, qui n’est pas le Saint-Esprit (3) le penser superstitieux, ou penser de l’absolu fictif, j’en viens, sur la base de cette analyse, à votre courrier adressé à Rémy Salvat. Faute de connaître la totalité et la teneur exacte de vos propos, j’ai au moins la certitude que vous y évoquiez des « raisons personnelles et philosophiques» pour justifier votre refus d’euthanasie – même si des dépêches de presse ont fait malencontreusement disparaître la conjonction de liaison, car personnel et philosophique sont des termes incompatibles. Tout d’abord, sur le simple plan du Droit, je peux fort bien comprendre, comme quiconque de bonne foi, que, dans un environnement politicien aussi sectaire, vous ayez refusé d’accéder à la demande de Rémy Salvat, mais aussi de Chantal Sébire. En cas de réponse positive, en effet, que n’aurait pas manqué de dire le camp d’en face devant une telle décision unilatérale bafouant la législation en vigueur, faute de règles établies en la matière jusqu’ici ?

Et il aurait eu raison, même s’il a déjà montré bien souvent, en une seule année, qu’il n’en attendait pas autant pour réagir négativement, de façon sectaire, au moindre de vos faits et gestes, voire de vos paroles – forcément, puisque, en vue de ses seuls intérêts de toutes sortes, électoraux notamment, il recourt toujours davantage au penser moralisateur superstitieux pour s’arroger le « monopole de la vertu » qu’à l’adéquate raison commune des humains ! J’ai déjà eu maintes occasions de le faire savoir, mais toujours en vain, aux caciques socialistes et autres « vertueux » rêveurs de la gauche révolutionnaire, syndicats et partis politiques confondus, qui jugent et condamnent moralement les Autres sur la seule base de leur devise favorite : « Je suis vertueux, donc je condamne. » – à moins que ce ne soit l’inverse ! Le sectarisme, toutefois, n’est pas l’apanage d’un seul bord politique, comme l’a souvent établi la dénonciation alternative systématique du recours à l’article 49-3 de la Constitution, pourtant utilisé à tour de rôle par la droite et par la gauche au pouvoir ! ! !

Après ce long préambule, je me dois d’analyser sur le fond ce que laissent sous-entendre des raisons dites personnelles et philosophiques, ne serait-ce que pour tenter de faire avancer le débat national sur l’euthanasie jusqu’au point où sont parvenus nos voisins belges, helvétiques et néerlandais. Ainsi, lorsque vous évoquez des raisons personnelles, c’est-à-dire seulement « relatives », pour justifier la décision signifiée à Rémy Salvat, croyez-vous vraiment que le législateur belge, helvétique et néerlandais ne se soit pas aussi posé les mêmes questions concrètes, et n’ait pas soulevé de semblables objections avant de trancher dans un sens contraire au nôtre ?

Nos voisins ont sûrement pesé aussi le pour et le contre, et analysé en particulier les objections des opposants sur les risques de dérapage et la soi-disant éthique médicale interdisant de donner la mort. Sur ce dernier point, c’est à se demander comment s’en accommodent aujourd’hui les médecins belges, helvétiques et néerlandais, sauf à leur récuser a priori toute éthique, mais voilà en tout cas un sérieux argument de moins sur l’un des plateaux de la balance – sauf à juger « absolument » du Bien et du Mal sur lesquels je reviendrai !

Ainsi, même sur la seule base d’arguments uniquement « relatifs », personnels, nos voisins ont eu néanmoins le grand mérite d’ouvrir le débat et de trancher, tandis que vous ne semblez pas être plus enclin à le faire aujourd’hui que la classe politique en général, et que la gauche en particulier. Pourtant, si j’en crois un article publié dans le n°1805 de l’hebdomadaire Le Point du 19 avril 2007, et sauf à vous d’établir un quelconque mensonge dans le texte intitulé « Lobbying – Les vrais raisons des militants de l’euthanasie », son auteur vous prête la déclaration publique suivante, faite le 11 février 2007:

« On ne peut pas rester les bras ballants face à la souffrance d’un de nos compatriotes qui en appelle à ce que ça se termine. »

 C’était sans ambiguïté, mais si l’on confronte cette déclaration d’hier à la teneur de la lettre adressée à Rémy Salvat, vous confirmez bien la « relativité » de toutes les opinions humaines, qui peut conduire chacun à penser et à dire, aujourd’hui, le contraire de ce qu’il a pensé et dit auparavant. C’est pourquoi les propos lucides suivants, extraits de la lettre de Rémy Salvat à votre intention, non seulement ne sont pas injustifiés, mais ils devraient vous inciter à respecter votre parole du 11 février 2007, alors que vous venez de laisser passer deux occasions de donner à l’opinion un signal fort dans ce sens. Rémy Salvat vous écrivait, en effet :

« Je sais qu’en France, il n’y a pas de loi qui permette aux équipes médicales de pratiquer l’euthanasie. Ça m’empêche de vivre en paix (…). Il faut que la loi change ! (…) Le problème est que vous, Monsieur Nicolas Sarkozy, vous ne voulez pas en entendre parler. Moi, Rémy Salvat, je vous demande de laisser de côté votre avis personnel et d’arrêter d’être sourd. Vous le pouvez si vous êtes le président de tous les Français. »

Et j’ajouterai que vous ne pouvez pas continuer à rester sourd à cette voix venue d’outre-tombe, qui vous rappelle à votre promesse en vous exhortant à la tenir, car vous avez effectivement le pouvoir d’enclencher publiquement le débat, voire de consulter directement l’opinion.

Cependant, pour être tout à fait honnête sur le plan intellectuel, je me dois de citer aussi les propos suivants tenus par Ségolène Royal dans sa lettre du 16 mars 2007 à Jean-Luc Romero, président de l’ADMD :

« Je veux que nous allions courageusement au bout du débat pour pouvoir mettre en place, comme l’ont fait d’autres pays européens, une législation qui permette d’apaiser les souffrances les plus intolérables. »

C’était aussi sans ambiguïté, mais malgré des propos allant dans le sens de l’opinion – sauf à établir le contraire par un referendum ! -, Ségolène Royal, sans doute trop occupée par ses ambitions socialistes ou par le dénigrement systématique de votre action et de vous-même, ne s’est guère exprimée sur les cas de Chantal Sébire et de Rémy Salvat, laissant ainsi passer également deux excellentes occasions de conforter son engagement.

Néanmoins, les occasions d’accord entre la gauche et la droite sont si rares que cette identité de vue dans vos engagements respectifs de campagne serait une excellente opportunité pour engager enfin le véritable débat d’idées sur un fondement philosophique. Je parle ici du seul et unique véritable débat d’idées qui vaille : celui qui ne consiste pas à opposer – « à l’infini » ! – des points de vue relatifs partisans à d’autres, tout aussi relatifs et partisans, mais à les confronter, tous sans exception, à LA Vérité éternelle absolue.

Elle seule, en effet, est en mesure de mettre un terme définitif, un arrêt indépassable, à la confrontation infinie de nos opinions relatives, en les invalidant, toutes sans exception, dans leur prétention à exprimer l’Absolu, ne serait-ce qu’en raison de l’opposition de multiples vérités relatives et des contradictions ou incohérences relevées. Brièvement dit, comment LA Vérité pourrait-elle être « absolument absolue », dès lors que « deux » vérités seulement se font face ?

Certes, le penser superstitieux n’en est pas à « ça » près, et il croit toujours en la coexistence possible de « deux » absolus, y compris de deux vérités opposées dites absolues. Or la coexistence de deux absolus est une impossibilité absolue par définition, car, si deux absolus coexistaient réellement, aucun des deux ne serait « absolument absolu » ; pas plus que deux entités ne sauraient être « absolument » infinies, illimitées, éternelles et parfaites, tandis que l’Absolu véritable est tout cela à la fois dans la plus totale cohérence, du seul fait d’être Unique, ainsi que Spinoza l’a démontré more geometrico dans la première partie de son Éthique.

Et ce n’est donc sûrement pas sans raison que la loi belge tant décriée ici, à en juger par des déclarations publiques d’opposants à l’euthanasie, s’est fondée sur la réflexion spinoziste. Spinoza, en effet, ne confondait pas éthique et morale, au point que vous ne rencontrerez pas le mot « morale », une seule fois, dans son Éthique. La morale juge et condamne sur le fondement superstitieux de fictions, d’illusions, dont je reparlerai, tandis que l’éthique établie sur LA Vérité UNE, Unique, s’en garde bien à juste titre, puisque, face à l’Idéal précisément, chacun est forcément coupable, coupable de crime de lèse-Idéal !

Tout dualisme est superstitieux dans son absolutisation du relatif, et il en va pourtant bien ainsi dans la religion, dans la métaphysique, dans l’idéologie, avec ses deux grandes visions opposées du monde, et dans le moralisme avec sa dualité de Bien et Mal prétendument absolus. Or même nos valeurs morales, républicaines et autres sont seulement relatives, ainsi que des pratiques différentes en matière d’euthanasie et d’IVG, voire de peine de mort, suffisent à en témoigner – et même pour les deux premières, dans des Etats faisant partie d’une Union dite commune !

 Une drôle d’Union, d’ailleurs, puisque, depuis des années, y perdure le scandale économico-financier du maintien de monnaies nationales face à une monnaie soi-disant « commune » – un scandale, qu’aucun dirigeant européen ne semble disposé à remettre en question ! C’est pourquoi il perdurera aussi longtemps que des intérêts nationaux égoïstes ne pousseront pas les Etats visés à adopter la monnaie commune. D’ici-là, l’Union européenne est bien incapable de l‘imposer elle-même, mais ce n’est pas pour autant le seul domaine où la dysharmonie est de règle ! ! !

En matière de Vérité, dans tous les domaines, ma réponse servant à invalider toutes sortes d’arguments seulement relatifs ne varie pas et se limite à celle déjà donnée pour l’euthanasie à Jean Leonetti ainsi qu’au Comité consultatif national d’éthique, ce Tribunal moral de l’époque censé juger « absolument » de ce qui serait bien ou mal sur toute question sociétale qui lui est soumise. Face à des vérités relatives, mon argument principal se fonde précisément sur leur « relativité », et il me conduit à poser la question : « Pourquoi – à un même moment de l’Histoire ! – ce qui, ici, est moralement considéré comme mal est-il jugé bien ailleurs, si la pensée contradictoire des uns et des autres est véritablement inspirée par l’Idéal en soi, un Idéal, que seuls de rares "initiés", bien entendu, seraient en mesure de connaître "en soi" ? »

Une preuve, s’il en est, qu’il s’agit toujours seulement de nos simples représentations relatives, individuelles ou collectives, de l’Idéal, mais jamais de l’Idéal en soi, ainsi que l’exprime lucidement et sobrement ce mot sublime du Christ : « Mon royaume (l’Absolu ou Idéal en soi) n’est pas de ce monde. » : un mot, que les humains se devraient de méditer sans cesse, au lieu de continuer à se servir à charge de l’Idéal contre les Autres – deux mille ans après le Christ !

Après cet aperçu permettant de distinguer « radicalement » le relatif de l’absolu en raison de l’abîme à jamais infranchissable qui les sépare, comme vous avez également évoqué des raisons philosophiques pour justifier la décision signifiée à Rémy Salvat, l’opinion serait très certainement curieuse de les connaître, et il ne tient donc qu’à vous de les exposer publiquement – sauf à contrevenir délibérément au « principe de transparence » sans cesse exigé des Autres, mais plus rarement de soi-même ! Hormis le fait du prince, l’opinion pourrait ainsi juger de la pertinence du refus d’euthanasie, car même le pouvoir suprême ne confère aucune légitimité à dire absolument le Bien et le Mal !

Analysé sur le fond, des raisons véritablement philosophiques ne sauraient être invoquées pour conforter à la fois les positions des partisans de l’euthanasie et celles de ses opposants – et ce, d’autant moins qu’il leur arrive de changer d’avis ! La philosophie, en tant que voix et voie du UN absolu, absolument Unique, ne saurait être partisane, contrairement au penser superstitieux dualiste de la religion, de la métaphysique matérialiste ou idéaliste, de l’idéologie et du moralisme. Assurément, comme le dit Brunner : « L’être humain est davantage porté par nature à croire et à répéter qu’à penser vraiment. », et les êtres humains de notre époque dite moderne n’y échappent pas davantage que leurs plus lointains aïeux. Ils semblent même très fiers d’afficher, à travers les « croyances au miracle » colportées par de prétendues élites de toutes sortes, la « débilité intellectuelle » de notre pseudo-modernité – sauf aux élites dénoncées ou à quiconque de démontrer que la Foi serait le couronnement de la Raison, et la religion compatible avec la philosophie véritable, laquelle n’est à confondre ni avec le matérialisme scientiste ni avec l’idéalisme de la pseudo-philosophie spiritualiste !

Aucun des modes d’expression du penser superstitieux ne peut prétendre être le porte-parole de LA Vérité absolue, et il en va ainsi tout particulièrement de la superstition moraliste, qui sert de fondement aux prises de position et aux condamnations moralisatrices officielles du jour en matière de droit d’expression, de discrimination et précisément d’euthanasie.

Auparavant, j’entends toutefois établir sommairement, sans langue de bois, la « débilité intellectuelle » de l’époque à propos de la religion, du scientisme et de l’idéologie. Sur la religion, dont je suis le dernier à nier l’utilité pour aider une très large fraction des humains à mieux vivre, j’ai déjà brièvement montré son aspect superstitieux en établissant l’ « impossibilité absolue » de la coexistence de deux absolus (en l’occurrence un créateur et sa création), à laquelle la philosophie de Brunner apporte une réponse cohérente, ni créationniste ni évolutionniste, qui convient donc aussi pour la même raison aux tenants de la pseudo-philosophie à « deux absolus » : le matérialisme et l’idéalisme.

Je souligne, comme je m’y étais engagé plus haut, que la réponse véritablement philosophique de Brunner, puisque reposant sur UN absolu, ne diffère en rien de ce mot du Christ, perverti par la superstition religieuse : « Le Père et moi ne faisons qu’UN. » – et pas « DEUX » ! ! ! Compte tenu de ce qui précède au sujet de la religion, et même si les propos suivants semblent de prime abord hors sujet, je fais seulement remarquer que l’époque manifeste au grand jour sa « débilité intellectuelle » – a fortiori philosophique ! -, en prenant Bernard-Henri Lévy pour un philosophe, voire pour un grand philosophe, alors qu’il a été capable de déclarer publiquement sur Europe 1, le 11 février 2008, à propos de l’islam et du Coran: « C’est une grande religion, c’est un grand Livre » – en clair, le « degré zéro » de la philosophie !

Et le comble, devant Ayaan Hirsi Ali précisément frappée d’une fatwa musulmane – sans oublier pour autant Robert Redeker : en France, dans un siècle qui se croit au summum du modernisme des idées, mais qui laisse une religion menacer la tranquillité du monde sans qu’aucune voix philosophique autorisée ne s’élève pour la dénoncer sur le fond ! ! ! La déclaration lapidaire de Bernard-Henri Lévy suffit à témoigner incontestablement qu’il est tout sauf un véritable philosophe, car la religion et la « vraie » philosophie sont totalement incompatibles pour la raison principale évoquée plus haut, mais j’attends toujours qu’il me fasse la démonstration du contraire, ainsi que je le lui ai souvent réclamé depuis déjà huit ans. Et il est pourtant l’une de ces soi-disant élites médiatisées, dont personne ne niera qu’elle contribue amplement à faire l’opinion aujourd’hui, c’est à dire, en réalité, à la tromper et à la manipuler – sauf à lui, évidemment, de démontrer le contraire, notamment en matière de discrimination, comme je l’établirai par la suite à propos de son jugement radical sur votre discours controversé de Dakar !

La « débilité intellectuelle » de l’époque se manifeste également dans ses « croyances au miracle » scientistes. Par « scientisme », j’entends la Science devenue superstitieuse, dès lors qu’elle absolutise également le relatif, c’est-à-dire qu’elle fait ou laisse passer ses théories et hypothèses relatives pour absolues, pour réalité ou Vérité absolue, alors que la Science est à jamais relative – l’évolution de son savoir fluctuant au fil du temps, y compris de façon contradictoire, suffit à l’attester ! Croire – encore et toujours « croire » ! – que notre penser relatif, ou penser du relatif, celui qui nous sert à vivre et à nous orienter dans notre monde des choses, serait en mesure de connaître et de comprendre absolument notre monde, c’est l’une des récentes « croyances au miracle » de l’humanité.

 Ainsi, sans entrer ici dans le débat de fond sur le réchauffement climatique, à propos duquel j’attends toujours les objections de Nicolas Hulot à ma lettre du 29 juin 2007, la « croyance au miracle » scientiste du jour se manifeste dans la prétention insensée des humains du 21e siècle de croire pouvoir maîtriser à leur guise les forces de la Nature, afin d’établir sur la planète un « climat sur mesure » pour l’éternité – certes, DEMAIN, toujours DEMAIN, seulement DEMAIN, à la saint Glin-glin : cette sempiternelle échéance du penser superstitieux !

Comme ni vous ni moi (et bien peu des Terriens d’aujourd’hui) ne verrons le terme annoncé de cette nouvelle chimère, à savoir la fin du siècle, je me borne à fournir deux arguments non scientifiques pour la dénoncer, sans oublier pour autant les contrevérités et les lacunes de notre savoir scientifique actuel sur « tout un tas de choses » (selon l’expression de Claude Allègre), dont ne manqueront pas de sourire nos lointains descendants !

Mon premier argument se fonde, encore et toujours, sur l’impossibilité absolue de transposer l’Idéal dans le quotidien, mais appuyé par la constatation scientifique indiscutable suivante : notre monde est en perpétuel mouvement – ou incessant changement ! Il en résulte que la configuration de notre monde des choses est – à tout instant ! – différente de ce qu’elle était au moment précédent, et ceci devrait suffire à réduire à néant le « rêve fou » des humains d’aujourd’hui, devenu de facto sans intérêt puisque tout serait à recommencer sans cesse – sauf à vous-même ou à quiconque d’établir que les humains seraient en mesure d’arrêter, de figer, le mouvement universel, mais là, précisément, ils apportent la preuve qu’ils ne doutent de rien, forts qu’ils sont de leur prétendue « libre volonté » ! Mon second argument contre cette prétention scientiste obscurantiste, et qui vaut également pour invalider les « croyances au miracle » de la superstition idéologique, tient à la réalité de notre nature humaine.

Celle-ci se caractérise par son égoïsme inné et effréné, auquel personne n’échappe : ni vous ni « moi », et pas davantage les six milliards d’humains d’aujourd’hui, voire les milliards supplémentaires de demain et d’après-demain (hypocrites et inconscients inclus !) Brièvement défini, notre égoïsme naturel n’est que le désir premier de chacun de vivre le plus longtemps et le mieux possible, en se gratifiant autant que faire se peut dans ses affaires d’amour, quel qu’en soit l’objet, d’argent, en tant qu’instrument de possession des biens les plus divers, voire de personnes, et de gloire ou honneur-vanité, d’ego tout simplement pour les plus modestes – s’il en existe !

Alors, s’imaginer que les six milliards d’humains différemment concernés par l’inquiétude climatique actuelle, et par ailleurs légitimement soucieux de leurs intérêts égoïstes immédiats, individuels ou collectifs, vont se mettre à marcher comme un seul homme pour le bien de la planète, un hypothétique bien qu’ils ne verront même pas, cela fait partie de la « croyance au miracle » actuelle orchestrée à l’unisson par les scientifiques, les médias, les politiques et les intellectuels d’aujourd’hui, à l’exception de quelques rares contradicteurs, parmi lesquels Claude Allègre. Les chances de réussite de cet improbable accord unanime – et même s’il le devenait par miracle – sont d’autant moins assurées que l’Organisation internationale représentative des humains n’est pas parvenue, en soixante ans, à faire vivre en paix deux Etats lilliputiens voisins de la planète, ou que l’on voit les difficultés rencontrées aujourd’hui dans le Caucase pour résoudre un conflit concernant, en superficie et en population, l’équivalent de deux départements français – sans oublier la retenue à l’égard de la Russie pour des raisons fondamentalement égoïstes d’approvisionnement en énergie. Mais, il n’est pas interdit de rêver ! ! ! Sans entrer ici dans les détails, comme une infinité d’autres exemples atteste la multiplicité des intérêts égoïstes contradictoires à travers la planète, il faudrait peut-être commencer à réfléchir sur l’opportunité, ou non, de s’engager dans cette galère climatique par rapport à laquelle les douze travaux d’Hercule ne sont qu’une modeste illustration – ne serait ce que pour une banale question de financement des mesures envisagées et théoriquement envisageables.

Toutefois, je fais confiance à l’avenir plus ou moins lointain pour juger de la pertinence de mes propos en les confrontant à la réalité du climat terrestre de demain et d’après-demain. Le Groenland a déjà connu un réchauffement climatique très important aux IXe et Xe siècles sans souffrir pourtant de pollution industrielle ou inhérente aux moyens de transport, à une époque où l’hypocrite compassion publique ne s’attendrissait pas sur le devenir des ours blancs – et pour cause ! Je dis « hypocrite », dans la mesure où une très large fraction de l’opinion compassionnelle d’aujourd’hui se préoccupe davantage du sort des animaux en général, et des ours blancs en particulier, que de celui de ses proches, comme suffisent à l’illustrer les luttes intestines entre camarades de gauche, et entre camarades socialistes. C’est aussi l’une des caractéristiques des « vertueux » d’afficher leur amour universel, rappelé fort mal à propos par Ségolène Royal reprenant à son compte le mot du Christ : « Aimez-vous les uns, les autres », alors que les uns et les autres s’entredéchirent à qui mieux mieux – pas seulement à gauche, d’ailleurs, et pas seulement en politique ! ! !

Pour ce qui est de la superstition idéologique, « croire au miracle » de pouvoir instaurer sur la planète un monde « parfait » avec des humains « imparfaits », donc se croire capable de transposer l’Idéal dans le quotidien, devrait suffire à tout individu sensé pour établir la « débilité intellectuelle » de l’époque. Il en va ainsi particulièrement des slogans de campagne fondés sur l’idéalisation fictive du réel de DEMAIN, et promettant d’établir, qui un « ordre juste » planétaire, qui un « monde nouveau », qui un « autre monde », sans oublier Jacques Chirac parlant, dans l’un de ses grands discours de la campagne présidentielle 2002, de rendre possible l’impossible, alors que TOUT change en permanence dans notre univers, au point que le cours incessant des réformes a toujours un train de retard sur la marche sans cesse changeante du monde, à laquelle nous ne pouvons que nous soumettre en nous adaptant constamment. C’est pourquoi je ne prends pas un grand risque en affirmant que, au rythme des pas de tango du monde, DEMAIN sera comme AUJOURD’HUI au royaume des humains – sauf à vous-même ou à quiconque d’établir le contraire en oubliant la Foi, la foi du charbonnier, et il suffit pour cela de relever concrètement le défi lancé ! Toutefois, nous reparlerons d’égalité, entre autre, seulement lorsque les riches auront partagé leurs richesses avec les pauvres ! ! !

Le pompon de la « débilité intellectuelle » de l’époque semble néanmoins revenir incontestablement à la superstition moraliste, telle que brièvement définie plus haut. Celle-ci se fonde uniquement, en effet, sur trois fictions, trois croyances illusoires ayant pour principale conséquence que de simples mortels, voire des groupes humains, se prennent pour Dieu en prétendant incarner l’Idéal, puisqu’ils s’autorisent à condamner les Autres en son nom l La première fiction du moralisme est très précisément fondée sur la caractéristique fondamentale du penser superstitieux, à savoir l’ « absolutisation fictive du relatif ». Elle consiste à faire croire en la coexistence d’un Bien et d’un Mal prétendument absolus dans un monde où TOUT est relatif – y compris nos conceptions morales fictivement idéalisées ! Néanmoins, à la fois juges et parties, les uns et les autres censeurs décident de ce qu’il est absolument bien ou mal de penser et de dire, et c’est sur cette fiction confortée par leur seul pouvoir financier, politique et médiatique qu’ils condamnent « absolument » les Autres, sans avoir pour autant le courage intellectuel de débattre sur le fond, à savoir LA Vérité UNE sans contradictions ni incohérence, telles qu’il s’en manifeste au quotidien entre le discours et la pratique, entre les paroles et les actes. Sauf à eux de me démentir sur le fond, qui sont-ils donc les Jean Leonetti et autres membres du Comité consultatif national d’éthique, voire cette influente conseillère élyséenne, entre autres, pour dicter le Bien et le Mal absolus en matière d‘euthanasie, alors qu’ils expriment seulement, en réalité, leurs conceptions relatives personnelles « fictivement absolutisées » de l’Idéal en soi ? !

Par chance pour eux, les Eglises et d’autres groupes bien-pensants sont suffisamment influents au plus haut sommet de l’Etat pour faire prévaloir leur penser superstitieux, qui fait obstacle – ici ! – à la pratique de l’euthanasie sur le seul fondement d’un Dieu religieux superstitieux, voire de quelque autre absolu fictif, tel le « Dieu-Morale » du catéchisme universel. Plus précisément, dans une république dite laïque, où, de surcroît, tout est relatif, ce n’est pas à la religion, fondée sur le penser superstitieux, de dicter à la société civile ce qui serait « absolument » bien ou mal en matière d’euthanasie.

Nos voisins belges, helvétiques et néerlandais ont su dépasser leur penser superstitieux en se fondant précisément sur des raisons véritablement philosophiques distinguant le relatif de l’absolu – en matière de Bien et de Mal ! – pour parvenir à une décision exactement inverse de la nôtre. Et ce, d’autant plus à juste titre que Bien et Mal absolus sont une impossibilité absolue dans notre monde, non seulement en raison du dualisme déjà philosophiquement dénoncé, mais aussi d’un simple point de vue intellectuel ou rationnel. En effet, pour respecter le principe d’unicité attaché indissolublement à ce qui est absolu, le Bien absolument absolu, s’il existait réellement, devrait comporter « exclusivement » du pour, du positif, des avantages, tandis que le Mal absolument absolu ne présenterait que du contre, du négatif, des inconvénients – tout l’opposé de ce qui se rencontre dans la réalité quotidienne du monde, sauf à vous-même ou à quiconque de démontrer le contraire !

Dans notre monde, en effet, TOUT présente, à la fois, du positif, des avantages, et du négatif, des inconvénients, entre lesquels tranchent seulement les désirs et les intérêts égoïstes, individuels ou collectifs, des uns et des autres, ainsi que l’exprime à merveille ce mot concis de Spinoza : « Nous ne désirons pas une chose parce qu’elle est bonne (absolument bonne, ou bonne « en soi »), mais c’est parce que nous la désirons que nous la jugeons bonne. »

Pourtant, sauf à quiconque de démontrer la fausseté de ce qui précède, la « débilité intellectuelle » de l’époque s’est manifestée en 2004 jusqu’au plus haut sommet de l’Etat et de ses institutions, en faisant croire à l’opinion qu’une quelconque chose humaine, fut-elle la période coloniale, pourrait comporter « exclusivement » du négatif, des inconvénients. Ceci en dit long sur le niveau intellectuel et philosophique de l’époque, mais aussi sur la tromperie et la manipulation de l’opinion publique, à laquelle on fait prendre des vessies pour des lanternes – pas de quoi être vraiment fier d’en participer sans réagir intellectuellement et philosophiquement ! ! !

Il n’en va pas autrement du catéchisme soi-disant universel, ou Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948, puisqu’il est également censé exprimer l’Absolu. Or aucun catéchisme, fut-il religieux, laïque ou idéologique (Petit Livre Rouge, par exemple), n’exprime rien qui soit effectivement « absolument absolu », mais seulement nos conceptions relatives idéalisées du Bien et du Mal – forcément, dans un monde où TOUT est relatif ! En conséquence, comme le dit Brunner : « Quand on pense mal, on agit mal », et ce fut le cas des membres de l’ONU, qui ont accouché de ce catéchisme, puisque, dans leur désir d’absolu ou Idéal, ils n’ont pas pu éviter une énorme incohérence dans sa rédaction. Ceci n’empêche pas pour autant les censeurs, les donneurs de leçons de morale, de l’invoquer à tout propos et de s’ériger ainsi en juges, voire en justiciers, de l’Idéal pour condamner « absolument » les Autres, quoique eux-mêmes aient pu faire, fassent et feront, ainsi qu’il en va en matière de discrimination.

L’incohérence de la Déclaration universelle de 1948 est notamment établie en matière de liberté d’expression par la contradiction entres ses articles 19 et 29. Le premier article stipule, en effet, que la liberté d’expression est un « droit absolu », tandis que, dans un moment de lucidité, les rédacteurs se sont empressés de le « relativiser » dans le second article, en confiant à l’arbitraire des Etats – en réalité, chez nous, à des groupes de pression partisans et influents – le soin de décider ce qu’il est, « serait », absolument bien ou mal de penser et de dire, leur conférant ainsi un pouvoir quasi divin de dicter le Bien et le Mal prétendument absolus.

Sur ce point précis du catéchisme universel, la « débilité intellectuelle » de l’époque, qui dit tout et son contraire, peut difficilement être mieux illustrée que par ce propos savoureux de Jean-Louis Bianco, alors secrétaire de campagne de Ségolène Royal, déclarant – sans rire ! – sur RMC Info : « On peut tout dire, mais il y a des limites. » [SIC !] Ce n’est, d’ailleurs, sûrement pas sans raison qu’Alain Finkielkraut a également parlé de « religion des droits de l’homme » – mais aussi de catéchisme de la Shoah ! – au cours d’un entretien avec Alain Duhamel sur France 2 en mars 2001.

Il s’agit, en effet, d’une semblable « croyance au miracle » fondée seulement sur la Foi mais sûrement pas sur la Raison, au point que Jeane Kirkpatrick, militante des droits civiques, assimila alors cette déclaration universelle à la lettre au Père Noël ! Dommage que les menteurs n’aient ni l’honnêteté ni le courage intellectuels de débattre sur le fond, car l’humanité ne s’en porterait pas plus mal – quitte pour les censeurs, assurément, à perdre un peu de leur superbe !

Ceci me conduit à la deuxième fiction du moralisme, qui confirme d’autant plus la « débilité intellectuelle » de l’époque qu’elle va à l’encontre d’une parole de Vérité, celle de la parabole de la paille et de la poutre remontant à bientôt deux mille ans : en clair, l’humanité fonctionne aujourd’

À propos de guyboussens

Disciple de Spinoza et de son héritier spirituel, le philosophe juif allemand Constantin Brunner (1862-1937), je n'ai d'autre but que d'être leur porte-parole posthume pour divulguer la voie et la voix de LA Vérité éternelle absolue - sauf, évidemment, aux menteurs de toutes sortes [Médias, politiciens, prétendus intellectuels, pseudo-philosophes, et associations droits-de-l'hommiste, moralisatrices à sens unique] de démontrer le contraire, comme je l'attends depuis plus de dix ans, tant sont grandes leur lâcheté et leur malhonnêteté intellectuelles, ainsi que mon texte fondateur, Mensonges et lâcheté des élites, en donne un large aperçu sur le fond et les dénonce nommément.
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